La révolution Airbnb sous forme d’une super-opportunité laisse le Portugal avec quelques goûts amers. Pour corriger le tir et les nombreux inconvénients de ce service pourtant utile et loin de le bannir, les autorités portugaises prennent des mesures de régulations. Ces mesures semblent porter des fruits que vous examinerez le long de ce décryptage.
Sommaire
Un peu d’histoire sur Airbnb
Tout commença aux États-Unis, à San Francisco en 2007. Deux amis, Brian Chesky et Joe Gebbia, ont eu l’ingénieuse idée de louer leur cadre de vie et leurs équipements à des participants à un congrès. Ces derniers, vu l’affluence au congrès, ont manqué des chambres d’hôtel aux alentours. Grand fut leur soulagement, lorsque les deux résidents ont accepté de leur louer des matelas gonflables « Bed » et un petit déjeuner « Breakfast », le lendemain matin. Cet essai, ayant aidé les deux Américains à arrondir leur fin de mois, leur a également permis de mettre sur pied un peu moins d’une année plus tard, le Air Bed and breakfast, rapidement renommé Airbnb.
Aujourd’hui Airbnb dispose de trois fondateurs dont les deux précédents qui sont respectivement Directeur général et Chef de Produit, et de Nathan Blecharczyk, qui lui est le Directeur de la Technologie de la firme.
Voilà donc le petit chemin qu’a fait le bonhomme Airbnb. Aujourd’hui en plus de 10 ans d’existence, la firme a entraîné une véritable révolution dans le tourisme mondial. En 2016 déjà, on lui comptait plus de 80 millions de clients.
Aujourd’hui, elle est classée 6e licorne mondiale. « Licorne » étant une appellation pour désigner les startups non cotées qui valent au-delà du milliard de dollars. Mais en chiffre concret, Airbnb pèse aujourd’hui plus de 30 milliards de dollars. Sa plateforme compte plus de 4,5 millions de locations saisonnières se trouvant dans plus dans 81 000 villes de plus de 190 pays. Pourtant la startup ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. De nombreuses dispositions sont prises pour qu’à l’horizon 2028, Airbnb compte un milliard d’êtres humains utilisant ses services.
Régulation Airbnb, un procès qui tire sa source de loin
Airbnb représente une plateforme communautaire payante de l’immobilier. On peut y réserver des logements auprès des particuliers qui ne sont pas des structures hôtelières. Sur le site d’Airbnb, peuvent se croiser les personnes voulant faire louer leurs résidences, et les touristes à la recherche d’hébergements. La structure a mis en place un certain nombre de mesures de sécurité, de garanties de satisfaction et des assurances pour les deux parties. Ainsi, de nombreux particuliers arrivent à louer une partie ou la totalité de leur résidence en tant que location touristique.
Impacts positifs du système Airbnb
La startup a connu une évolution aussi fulgurante parce qu’elle présente indéniablement de grandes valeurs ajoutées pour les hommes et pour les systèmes touristiques des nations. On localise les impacts positifs de ce système tant bien chez les hébergeurs et les touristes que chez le pays visité. Ainsi, comme principaux avantages d’Airbnb, on note :
- Le coût de la location est moins cher : il s’agit du premier avantage du fait de louer une résidence Airbnb. Les retombées sont très avantageuses pour le touriste qui réalise plus d’économies, qui a la possibilité de profiter d’un séjour plus long et de se payer beaucoup plus de services pendant ses vacances.
- Le propriétaire rentabilise pour arrondir ses fins de mois : inscrire sa résidence comme résidence touristique Airbnb est un moyen sûr et rentable de faire des bénéfices sans avoir à se gêner.
- Le touriste se sent comme chez lui : s’offrir une résidence Airbnb peut-être un moyen efficace de lutter contre le dépaysement qu’un touriste peut ressentir à l’hôtel.
« Partout c’est bien, à la maison c’est mieux » dit-on. Se sentant beaucoup plus proche de la famille d’accueil, et ressentant la chaleur d’une vraie maisonnée, ce dernier peut profiter de belles vacances tout comme chez lui. Le touriste dispose de ce fait de tous les équipements de plaisance (le cadre de vie, les mobiliers, etc.) et des instruments de sécurité (les disjoncteurs différentiels, les alarmes de sécurités, etc.) que lui mettent à disposition ses hôtes.
- L’affluence touristique dans les pays s’est largement accrue : la vulgarisation des hébergements touristiques a favorisé le tourisme de masse, bénéficiant grandement à l’économie globale et au développement des pays.
Impacts négatifs du système d’Airbnb
Airbnb ressemble à ce que l’on pourrait appeler un mal nécessaire. En effet, malgré les innombrables avantages qu’on lui reconnaît, il existe un nombre impressionnant de charges qui pèsent contre la géante startup.
Les centres-villes des grandes capitales semblent se vider de leurs habitants par la faute du mouvement Airbnb. En effet, la croissance accrue du tourisme favorisé par Airbnb fait flamber le prix de l’immobilier dans les grandes villes faisant fuir les résidents.
À part le dépeuplement des grandes villes par leurs résidents et le surpeuplement par les touristes, et la cherté du coût de l’immobilier, on note entre autres inconvénients de l’Airbnb, les troubles du voisinage, l’insécurité grandissante de même que le déclin du secteur hôtelier.
Dossiers de reproches à l’encontre du système d’Airbnb
En outre des impacts négatifs d’Airbnb, les personnes en relation avec le secteur d’activités de la startup semblent avoir eux aussi, de nombreuses choses à signaler.
On commence cette vague avec la grogne des propriétaires hébergeurs. En France, les propriétaires reprochent d’être trop taxés sur leurs recettes par les municipalités. Une propriétaire à Toulouse affirme devoir reverser 5 000 € de cotisations sur les 11 000 € encaissés. Ce qui à son avis serait exagéré. Même si le reproche s’adresse au système instauré par Airbnb, à y voir plus clair, on constate que le tort à ce niveau incombe plutôt aux législations fiscales.
Les hôtels, principaux concurrents d’Airbnb ont également leurs mots à dire. Ils dénoncent une concurrence déloyale de la part de la startup et entrent en guère avec les propriétaires hébergeurs. Paradoxalement, ils supposent que la taxe perçue par les autorités chez les propriétaires est trop infirme comparée à celle que les hôteliers sont censés payer. Non seulement, dans le secteur hôtelier, les taxes sont nettement plus élevées, les normes et les réglementations sont beaucoup plus strictes. Ces normes et règlements n’incombent pas aux propriétaires hébergeurs d’Airbnb, suscitant une indignation de la part des hôteliers.
L’évasion fiscale fait en outre partie des reproches adressés à Airbnb France. Alors que la firme se développe rapidement dans l’hexagone, de nombreuses opinions suggèrent qu’elle paye des impôts trop minimes comparativement à la taille de ses activités. Pour réussir cela, Airbnb utilise des astuces que de nombreuses multinationales utilisent également. Il s’agit d’afficher un chiffre d’affaires relativement faible. La firme justifie cela par le fait de ne pas collecter les commissions sur les locations. Elle laisse ce soin à des entreprises se trouvant en Irlande et en Grande-Bretagne.
Les répercussions du tourisme massif au Portugal : le rôle de l’Airbnb
Lisbonne serait-elle en train d’être confrontée aux mêmes difficultés que Venise, quelques années plus tôt ? Selon les études de l’organisation mondiale du tourisme des États-Unis, en 2010, le Portugal comptait un peu moins de 7 000 000 de vacanciers étrangers. 6 ans plus tard, ce chiffre est passé à plus de 18 000 000 de touristes étrangers, affichant une augmentation de 168 %. S’efforçant de voir le bon côté des choses, le Portugal affirme que les recettes liées au tourisme se sont accrues de 17 % en 2017 et de 14 %, en 2018.
Cela malgré ses bonnes répercussions sur la croissance et l’économie, reste intolérable pour la démographie, l’immobilier, le coût de la vie, etc. En effet, il faut tout de même reconnaître qu’une flambée touristique pareille, même si elle présente de bonnes retombées pour l’économie globale d’un pays, il n’en demeure pas moins qu’elle engendre des problèmes d’ordre structurel. Ces problèmes ont trait à la surpopulation des grandes villes par les touristes, de même qu’aux tensions grandissantes entre les résidents de la ville concernée et les touristes. Dans le monde entier, seul le Japon a connu une flambée touristique aussi spectaculaire ces 10 dernières années.
À ce jour, la ville de Lisbonne compte 90 % de touristes.
On a vraiment du mal à admettre ces chiffres quand on pense qu’à Lisbonne, en 2013, le tiers des immeubles était inoccupé. Et ce n’est pas tout, à Porto, on dénote 8 touristes contre un résident. Pire, à Albufeira, en Algarve, on compte environ 40 touristes pour un résident. Le phénomène est donc beaucoup plus observé dans les villes d’Albufeira, de Porto et de Lisbonne où les résidents n’arrivent plus à supporter le coût de la vie et de l’immobilier.
Les réseaux sociaux ont également permis de toucher du doigt cette triste réalité. On ne compte plus le nombre de posts montrant des touristes s’exhiber fièrement sur la terre portugaise. On croirait d’ailleurs que le monde entier s’était donné rendez-vous à Lisbonne.
À cause des billets d’avion bon marché et de la vulgarisation des hébergements touristiques prônée par Airbnb, le tourisme est devenu massif. L’implication des résidences Airbnb est mise en évidence à partir de chiffres concrets. En 2015, on pouvait compter 75 00 locations saisonnières Airbnb. En 2018, les statistiques comptent 12 500 locations saisonnières Airbnb. Soit une poussée de 70 % environ en l’espace de 3 ans.
En effet, le Portugal est loin d’être le pays le plus prisé par les clients Airbnb. Les États-Unis et la France occupent la tête de la liste. Mais il n’en demeure pas moins vrai que le Portugal et plus précisément Lisbonne soient grandement touchés par le fléau d’invasion touristique due à la facilitation des locations touristiques prônée par Airbnb.
Profitant, d’un besoin de locations saisonnières de plus en plus croissant, le secteur immobilier ne se fait pas prier pour cumuler des profits. Les prix de l’immobilier ont ainsi flambé. On note une croissance de 20 % en une année.
Cette situation devient insupportable aux Portugais. Encore plus loin, ces derniers se font expulser de chez eux parce que les salaires des travailleurs ne subissant pas une augmentation proportionnelle à la cherté du coût de la vie, ils se trouvent ainsi incapables d’assumer leur loyer.
Les mesures de régulation du Portugal à l’endroit d’Airbnb
Parallèlement aux mesures prises par le continent européen via l’Union européenne, le Portugal quant à lui a adopté des mesures spécifiques. Cela est dû à la descente dans les rues de Lisbonne, des citoyens portugais. Ces derniers ont initié des mouvements pour se faire entendre et réclamer leur droit au logement. Sur les différentes pancartes qu’ils tenaient en mains, l’on pouvait lire une demande de frein à la flambée des loyers de même que l’arrêt des expulsions. On pouvait également y lire « Marre de logements touristiques ! ». Cette dernière exclamation fait allusion à la flambée effrayante de la location sur Airbnb et autres structures assimilées. En effet, vu l’impressionnant succès de l’idée Airbnb, de nombreuses entreprises se sont également lancées dans les services similaires.
Tout le long de l’année 2018, environ 25 000 nouveaux hébergements ont été enregistrés dans le but d’en faire des hébergements saisonniers. Il est déjà d’une grande victoire que de disposer d’une autorisation avant de louer sa résidence en tant que location touristique via Airbnb et les plateformes connexes au Portugal. Aujourd’hui, cette autorisation est mise à profit pour restreindre l’envergure du phénomène. Ainsi, depuis le début de cette année, on enregistre un peu plus de 13 000 autorisations de mises en location de résidences sur Airbnb et les plateformes connexes. Cela représente une baisse de 43 % lorsque l’on considère les chiffres de l’année antérieure, exactement douze mois plus tôt.
Mais la baisse la plus radicale a été faite sur Lisbonne. De 7 000 autorisations accordées en 2018, les autorités passent à une réduction sévère de 500 autorisations octroyées cette année. Les chiffres statistiques estiment une réduction de près de 73 % des autorisations pour faire de sa résidence une location saisonnière à Lisbonne.
Cela va, pour le moment, apaiser les réclamations des habitants des grandes villes du Portugal, qui souhaitent également l’instauration d’une réglementation exigeant un séjour très court pour les locataires Airbnb et structure assimilée à l’intérieur du pays.
L’Airbnb ne croise pas les bras
Airbnb n’entend pas se laisser faire par cette vague d’hostilités à son encontre, très convaincue de la pertinence de ses services. La startup se tourne vers l’Union européenne, afin qu’elle fasse cesser les mesures de régulation que les grandes villes européennes telles que Paris, Barcelone, Amsterdam, Madrid et Lisbonne prennent à son encontre. Mais les autorités responsables de la régulation Airbnb dans ces grandes villes laissent entendre à l’Union européenne qu’elles ne comptent pas s’arrêter en un si bon chemin. Elles ont décidé à plaider jusqu’au bout, la cause des habitants qui ne se sentent plus bien chez eux par la faute du système d’Airbnb.
Impacts des mesures de régulation d’Airbnb sur le tourisme au Portugal
Depuis l’instauration des mesures de réglementation d’Airbnb au Portugal, les retombées semblent assez vite percevables. Les séjours touristiques simples que préconisait Airbnb étant freinés, on constate que la location touristique est en plein déclin dans le pays. Même si le taux d’occupation de ces hébergements touristiques reste important, il n’en demeure pas moins que ce marché est en pleine déclinaison.
Le secteur touristique en plein déclin implique inévitablement des retombées dans l’économie du pays.
Les retombées du frein des locations Airbnb au Portugal ne portent pas que de présages négatifs. En effet, si les mesures qui sont prises sont suivies rigoureusement, au bout de quelques années, le Portugal pourra se féliciter de calmer toutes les tensions structurelles dues à l’invasion des touristes dans ses principales villes telles que Lisbonne et Porto.